Enfant, j’aimais bien les princesses.
Mais pas que.
Elles m’énervaient, un peu, à ne pas trop savoir se débrouiller.
Les princes aussi, ils me plaisaient, forcément.
Mais pas que.
Ils m’agaçaient à avoir toujours le mot de la fin et le rôle du héros.
J’ai adoré être une vraie petite fille avec des jupes qui tournent et d’adorables frisettes blondes.
Mais pas que.
Je n’osais pas être autre chose.
J’adorais avoir des copines un peu canailles, bagarreuses, qui ne mettaient jamais de robes et qui ne s’en laissaient pas compter.
Je regardais d’un air particulier les petits garçons tendres et doux qui rêvaient de jouer à la poupée.
Je n’osais pas leur parler.
Et puis, un jour, j’ai essayé d’être tout cela à la fois.
Ça a pris du temps. Beaucoup de temps.
Ça été passionnant.
Depuis de nombreuses années, je vais dans les classes, j’écris pour les enfants, et je les repère toujours les petits gars rêveurs qui n’ont pas envie de se bagarrer et les petites filles échevelées mal à l’aise dans leur robe de fille.
Je vois bien qu’aujourd’hui encore s’exerce une norme où il y a peu de place pour laisser libre cours à d’autres schémas, d’autres paroles, d’autres questions.
C’est quoi être une fille ?
C’est quoi être un garçon ?
C’est quoi qu’il faut savoir pour devenir » l’autre » ?
Est-ce possible d’avoir envie d’être l’un ou l’autre ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
C’est quoi un garçon manqué ?
Et une fille manquée ? Ça existe ?
Et si on ne veut pas être celui-là ou celle-ci : fille ou garçon, il se passe quoi ?
Ça veut dire quoi tout ça, au fait ?
Bref, c’est quoi le genre ?
J’ai eu l’occasion, récemment, dans une classe, d’aborder cette problématique avec des enfants qui me demandaient sur quoi j’allais écrire. Je leur ai dit : Je voudrais écrire sur un garçon qui voudrait être une fille ou sur une fille qui voudrait être un garçon. Vous en pensez quoi ?
Ils en pensaient tant et tant de choses. Énorme enthousiasme.
Mais, si sur la scène il y a un garçon habillée en fille, vous allez rigoler ?
Non, ils ont fait.
Ils élaborèrent alors mille scénarii auxquels je n’avais pas songé moi même.
J’ai été stupéfaite.
J’ai quitté la classe à regret, sur cette conclusion de l’un d’entre eux:
» En tout cas, ce qu’il faut dire, c’est que c’est important d’être soi. «
Cela a suffit pour que je me dise que, peut-être, il était temps, pour moi, écrivain, d’aborder cette question du genre dans une pièce de théâtre pour la jeunesse. Et de la parler avec des enfants, comme pour vérifier au fur et à mesure que mon cheminement d’écriture et de pensée sont au plus juste. D’où l’idée de résider sur un territoire où il me serait facilité de rencontrer des enfants. De parler avec eux, de rêver avec eux, d’échanger sur cette thématique. Avec l’indispensable complicité de leurs instituteurs ou institutrices, dont ce serait un projet à décliner, à leur façon, au cours de l’année. Écriture, art plastique, jeu théâtral, etc. Projets de classe d’un côté et d’écriture pour moi de l’autre, projets qui s’accompagneraient s’enrichissant de ce lien privilégié.Catherine Zambon, Avril 2010
Déroulement de la résidence
Pour tout public adultes :
– Ateliers de lecture à haute voix à la MJC d’Albi
– Stage de jeu « Quand les mots prennent corps », théâtre et danse, ce-animé avec Michèle Dhallu, Cie Carré Blanc au Tortillart à Saint-Amans-Soult
– Nuit d’écriture au Tortillart à Saint-Amans-Soult et au Théâtre de la Commanderie à Vaour
– Lecture « Univers d’auteur » à la MJC d’Albi
Avec les scolaires :
– Compagnonnage avec une classe de CM2 de l’école Edouard Herriot à Albi et un groupe de volontaires en 6e au collège Aristide Bruant à Albi
– Rencontres avec des classes du département dans le cadre de THEA, Théâtre à l’école en partenariat avec l’OCCE du Tarn et des Parcours Théâtre à l’école et au collège portés par l’ADDA du Tarn
Résidence soutenue par le Centre National du Livre
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