Spectacle – Béaba
Valeria Giuga et Anne-James Chaton poursuivent leur exploration des arts chorégraphiques et poétiques pour lesquels le corps et le langage sont des territoires merveilleux à explorer. Le geste et le mot sont en devenir, au croisement de l’apprentissage et du jeu. La kinesphère (qui désigne l’espace accessible directement aux membres d’une personne) est encore un espace de découverte et la règle grammaticale un lieu d’invention. Dans un décor imaginé par le plasticien Jacques Julien, deux danseuses amplifiées exercent leur geste et leur voix. Elles apprennent une « phrase chorégraphique » par bribes. Elles en répètent chaque mot, jusqu’à la maitriser en son entier, puis passent à la phrase suivante. À la manière d’un alexandrin auquel il manquerait un, voire deux pieds ! Elles se reprennent, mais pas forcément au début… Comme la langue poétique, ça bégaie ! Ça bredouille ! Puis ça éclipse ! Ça anaphore ! Enfin ça métaphore. In fine, elles se divertissent à apprendre par cœur la danse comme un refrain de chanson. Sujet, verbe et complément finissent par se mettre dans le bon ordre. Petit à petit les véritables phrases chorégraphiques et poétiques s’esquissent et forment un unisson. Le langage poétique avance en harmonie avec la phrase chorégraphique. Depuis la lettre jusqu’au vers rimé – en passant par la syllabe, le mot, le complément, le verbe – peu à peu naît le poème porté par la voix des danseurs. Les élèves assistent à la naissance du langage, à ses premières articulations sonores jusqu’aux sens poétique porteur de métaphores. Depuis la lettre jusqu’au poème, depuis le geste jusqu’à la phrase chorégraphique, BÉABA construit le langage comme un jeu de Lego et fait danser les mots ! L’espace dans lequel évoluent les deux danseuses ressemble à une aire de jeu, un paysage fantastique peuplé de créatures oniriques au milieu duquel elles assemblent les sons, les mots et autant de pas avec malice.