Spectacle Aberration, Emmanuel Eggermont

Le chorégraphe danseur cultive un certain sens de l’absurde lié aux aberrations qui régissent le monde. Après Pólis, pièce carbonique et architecturale inspirée des œuvres au noir de Pierre Soulages, Emmanuel Eggermont, longtemps interprète de Raimund Hoghe, poursuit sa recherche chromatique et se consacre au blanc. Un blanc habité, qui « regorge de possibilités vivantes » (Kandinsky). Dans un jeu de regards, de gestes, d’angles placés avec exactitude, il se fait empereur immaculé, oiseau aux mains en fuseau, nonne se douchant de poudre et accomplit le tour de force d’associer des images aux résonances expressionnistes et une danse abstraite, d’une précision à couper le souffle. L’espace immaculé est à la fois la possibilité d’inscrire les traces des mémoires enfouies et la page blanche d’un futur à réinventer. Une performance solaire, minimale mais puissamment figurative. Sublime !